Les conditions de l'adoption plénière :
L'adoptant :
Un couple marié peut adopter un enfant s'ils sont mariés depuis deux ans ou s'ils sont âgés l'un et l'autre de plus de 28 ans. Ils doivent aussi avoir 15 ans de plus que l'enfant. En revanche, des concubins ou des "pacsés" ne peuvent pas adopter ensemble un enfant.
Une personne seule peut adopter un enfant. Il peut s'agir, indifférement, d'un homme ou d'une femme, d'une personne veuve, célibataire, divorcée ou séparée de corps. Elle doit avoir obligatoirement 28 ans et avoir 15 ans de plus que l'enfant. En revanche, s'il s'agit de l'adoption de l'enfant du conjoint, la différence d'âge exigée n'est plus de 15 ans mais de 10 ans. Si une personne mariée souhaite, seule, adopter un enfant, elle doit obtenir le consentement de son conjoint. En revanche, si les époux sont séparés de corps, le consentement n'est pas nécessaire.
Les personnes mariés comme les personnes seules qui souhaitent adopter un enfant, pupille de l'Etat ou un enfant étranger qui n'est pas l'enfant du conjoint de l'adoptant doivent demander l'agrément au président du conseil général de leur département de résidence. Cette décision d'agrément n'est pas une condition à l'adoption plénière. En d'autres termes, le juge peut prononcer l'adoption même si l'agrément a été refusé ou s'il n'a pas été demandé.
L'adopté :
L'enfant adopté, doit être âgé de moins de 15 ans et accueilli depuis au moins 6 mois dans la famille de l'adoptant. Cependant, l'adoption plénière d'un enfant de plus de 15 ans est possible si l'enfant a été accueilli avant ses quinze ans par des personnes ne remplissant pas les conditions pour l'adopter ou s'il a fait l'objet d'une adoption simple par les mêmes personnes.
Le mineur âgé de 13 ans et plus doit consentir personnellement à son adoption plénière.
Tout enfant ne peut faire l'objet d'une adoption plénière. Elle n'est possible que dans trois cas :
- Les pupilles de l'Etat : il s'agit des enfants dont la filiation n'est pas établie ou est inconnue, recueillis par le service de l'Aide sociale à l'enfance depuis plus de 2 mois. Il s'agit également des enfants confiés au service à la suite d'un accouchement sous X et des enfants trouvés ou abandonnés. Il s'agit aussi, des enfants dont la filiation est connue mais qui ont été remis au service de l'Aide sociale et des enfants orphelins, sans famille ou ceux dont les parents ont fait l'objet d'un retrait total de l'autorité parentale.
- Les enfants déclarés abandonnés par une décision judiciaire : il s'agit d'enfants dont les parents se sont désintéressés et qui ont été recueillis par un particulier, un établissement ou le service de l'Aide sociale.
- Les enfants donnés en adoption par leurs parents : Les parents d'enfants légitimes ou naturels peuvent consentir un abandon total de leur enfant à l'adoptant. Le consentement des deux parents doit être donné si la filiation est établie à leur égard. Ce consentement est donné par un acte authentique soit devant le greffier en chef du tribunal d'instance soit devant un notaire ou devant les agents consulaires ou diplomatiques français.
Le consentement n'est pas irrévocable, les parents disposent d'un délai de repentir de 2 mois. La rétraction pour revenir sur leur décision d'adoption se fait par lettre recommandée avec demande d'avis de réception à la personne ou au service qui a reçu le consentement à l'adoption. La rétractation d'un seul parent suffit à s'opposer à l'adoption. Passé ce délai, la rétractation est encore possible à condition que l'enfant n'ait pas été placé en vue d'une adoption.
La procédure d'adoption plénière :
L'adoption se passe en deux temps, une phase préalable, le placement de l'enfant en vue de l'adoption puis une phase judiciaire devant le tribunal de grande instance.
Le placement de l'enfant :
L'enfant est placé, avec l'accord de sa famille biologique (sauf en cas de déclaration d'abandon) chez ses parents adoptifs. Le placement correspond à une période d'essai afin de contrôler d'une part que les adoptants sont réellement aptes à élever l'enfant et d'autre part, que l'enfant peut s'adapter à sa nouvelle famille. La loi n'a prévu aucune durée pour ce placement. Cependant, parmi les conditions légales d'adoption, il est prévu que l'accueil de l'enfant chez les adoptants dure au moins six mois. Le placement ne peut être inférieur à cette durée. Le placement en vue de l'adoption interdit toute restitution de l'enfant à sa famille d'origine. Il rend impossible toute déclaration de filiation et à toute reconnaissance.
Le prononcé du jugement :
Le placement n'est qu'une phase provisoire, le lien de filiation entre adoptant et adopté n'est crée que par un jugement prononcé par le tribunal de grande instance. La procédure devant le tribunal se déroule de la manière suivante :
- la requête en adoption : les adoptants doivent déposer une requête auprès du tribunal de grande instance de leur domicile. Si l'enfant résidait chez ses futurs parents avant l'âge de 15 ans, l'avocat n'est pas obligatoire. Dans ce cas, les adoptants adressent au Procureur de la république une requête qu'il transmet au tribunal.
- l'instruction de la demande : le tribunal de grande instance contrôle si les conditions légales de l'adoption plénière sont réunies. Il apprécie également si l'adoption est conforme à l'intérêt de l'enfant, matériellement et moralement. Il dispose d'un pouvoir souverain et discrétionnaire d'appréciation. Il peut ainsi, demander une enquête sociale, nommer un médecin, convoquer et entendre les futurs adoptants.
- le jugement : le tribunal doit rendre son jugement dans les six mois de sa saisine. Le jugement qui prononce l'adoption n'a pas à être motivé mais la décision de refus doit l'être. Le tribunal peut choisir de prononcer une adoption simple avec l'accord de l'adoptant. Le jugement du tribunal de grande instance est susceptible d'appel. L'appel doit être formulée dans les 15 jours de la notification du jugement en recourant obligatoirement à un avocat ou un avoué. La décision de la Cour d'appel peut faire l'objet d'un pourvoi en cassation.
Les effets de l'adoption plénière :
Le jugement d'adoption plénière attribue un nouveau lien de filiation avec la famille adoptive et supprime les liens de la famille biologique. L'adoption plénière a un caractére irrévocable et ne peut être annulée.
La rupture avec la famille biologique :
L'adopté cesse d'appartenir à sa famille par le sang avec laquelle tout lien juridique est supprimé, notamment en ce qui concerne le nom, les droits successoraux, l'obligation alimentaire. Dans les 15 jours de la date à laquelle le jugement d'adoption est devenu définitif, la décision d'adoption plénière est transcrite sur les registres de l'état civil du lieu de naissance de l'adopté, à la demande du procureur de la République.
Il existe une exception au principe de la rupture compléte des liens avec les parents biologique. C'est le cas quand une personne adopte l'enfant de son conjoint. Cette adoption ne supprime pas les liens de filiation entre l'adopté, et le conjoint et sa famille. En outre malgré la rupture des liens familiaux, les tribunaux reconnaissent un droit de visite au profit des grands-parents par le sang.
L'entrée dans la famille adoptive :
L'enfant entre totalement dans sa famille adoptive. Il est rédigé un nouvel acte de naissance précisant les nouveaux liens de filiation. L'enfant prend le nom patronymique des adoptants. Le prénom de l'enfant peut aussi être modifié si les parents adoptifs en font la demande lors du jugement prononçant l'adoption plénière. L'enfant acquiert automatiquement la nationalité de ses nouveaux parents.
L'autorité parentale est transmise aux parents adoptifs et ils sont désormais tenus de participer à son entretien.